Il y a des associations que je respecte énormément. Des associations qui regroupent des gens engagés, déterminés, compétents. Des associations qui n’ont pas peur de déplaire à certains quand elles mènent leurs actions, parce que c’est ce qui leur semble juste. Qui prennent la parole pour ceux qui n’en ont pas. Qui donnent à ceux qui n’ont rien reçu. Qui luttent, enfin, tout simplement pour créer un monde meilleur.
J’ai nommé L’AMICALE DE LA SUZE.
Pour faire de vos desserts de Noël une véritable joie et un moment d’échange, je vous propose aujourd’hui la recette du célèbre tiramisu, mais à la Suze = le Tiramisuze.
Ingrédients :
- 6 biscuits à la cuillère
- Un pamplemousse bio
- Un citron bio
- 250 grammes de mascarpone
- 2 œufs
- 60 grammes de sucre
- De la Suze comme s’il en pleuvait
La crème au mascarpone
Séparez d’abord les blancs des jaunes, et battez les jaunes avec 40 grammes de sucre, jusqu’à ce que le mélange devienne mousseux et blanchisse. Ajoutez tout le mascarpone et battez encore. Râpez le zeste de citron et ajoutez quelques cuillères de Suze. Pour le coup, la quantité dépend de vous et de vos goûts. J’en ai personnellement mis 4 cuillères à soupe et le goût était très léger au final.
Montez les blancs en neige et incorporez-les au reste délicatement. Vous devez obtenir une crème homogène, lisse et aérée.
Le sirop à la Suze
Pressez le citron, ajoutez le reste du sucre et à nouveau autant de Suze que vous le souhaitez. Portez à ébullition.
Que faire de mon pamplemousse ?
D’abord, prélevez-en le zeste. Je prends le zeste avec une microplane, mais si vous n’en avez pas, prenez bien seulement la partie complètement extérieure du zeste, surtout pas la partie blanche à l’intérieur qui est DÉGUEULASSE.
Ensuite, pelez-le à vif et levez les suprêmes. Si vous ne comprenez pas ce que vous venez de lire, vous faites sûrement partie de ces gens qui foutent du sucre sur le pamplemousse parce que vous en mangez toutes les parties les plus répugnantes. Pour quand même vous sortir de cette mauvais passe, voici une petite explication :
- « Peler à vif », ça veut dire que vous enlevez toute la peau de l’agrume, mais pas avec vos mains. Vous prenez un couteau sans dent et bien affûté (comme votre mère), et vous découpez pour enlever toute la peau, la partie blanche, et la fine membrane qui entoure la pulpe.
- « Les suprêmes », ce sont les quartiers dudit agrume qu’on a extraits, au couteau également, de la membrane qui sépare les quartiers les uns des autres. Il ne reste donc que la pulpe, à vif.
C’est seulement comme ça qu’on sent bien tout le goût délicat du pamplemousse. Toutes les peaux et membranes lui donnent une amertume terrible qui ruine le goût. C’est immonde. Y’a pas d’mot.
Le montage du tiramisuze
Dans chaque verre, déposez deux ou trois morceaux de pamplemousse. Trempez très rapidement un biscuit à la cuillère dans le sirop à la Suze et posez-le de travers au dessus du pamplemousse. Enfin, couvrez avec quelques généreuses cuillères de crème au mascarpone.
L’intérêt de poser le biscuit pas trop imbibé de travers est d’empêcher la crème de noyer les pamplemousses. Ainsi, ils restent frais, et leur jus ne se mélange pas avec la crème pour donner un truc semi liquide et pas top top. En plus, je trouve que ça rend plus joli de voir le rose du pamplemousse dans le verre.
Quand vous avez fini le remplissage des verres, réservez-le au réfrigérateur pendant au moins 2 heures. Prenez le sirop restant, mettez-y les zestes de pamplemousse et faites bouillir le tout pendant quelques minutes.
Juste au moment de servir, déposez quelques zestes sur le dessus de chaque verre et arrosez d’un petit bouchon de Suze. Servez avec un verre de Suze, BIEN-E-VI-DEM-MENT !
Brève histoire de la Suze
Ah, il y aurait tellement de choses à dire sur les boissons à base de gentiane ! Je resterai cependant concise, et focaliserai mon approche sur la Suze.
En 1885, un petit génie du nom de Fernand Moureaux se réveille avec une sacrée gueule de bois. La veille, avé les copaing, il s’est mis lourd à grands coups d’apéritifs de l’époque, tous à base de vin, style Byrrh.
Dégoûté de lui-même et de cette sensation terrible de mal partout, il décide de ne plus jamais boire de ces apéritifs à base de vin.
Dans la foulée, il a l’idée de distiller de la gentiane.
PAF, la Suze est née.
La marque « Suze » n’est créée qu’en 1889 (ahah bien joué Fernand, 4 ans payé par la boîte pour te siphonner des hectolitres de Suze sous prétexte de peaufiner la recette !). A l’époque, c’est une boisson assez forte, voire carrément violente puisqu’elle titre à 32°, ce qui n’est pas piqué des vers et ne contient que 80 grammes de sucre par litre. Ca devait être assez sec, tout de même.
C’est en 1945, dans une festive ambiance de libération, que la Suze passe à 16° et à 200 grammes de sucre par litre, pour donner la recette actuelle dont nous nous délectons toujours.
Passionnée de vélo, je me permets de conclure cet article en rendant hommage à Yvette Horner pour avoir accompagné la caravane du Tour de France à onze reprises, en jouant de l’accordéon dans une voiture brandée Suze.
A l’époque on savait vivre.