Petite recette que j’ai testée ce weekend et qui s’est révélée vraiment délicieuse. Par contre je préfère vous prévenir, ça prend trois plombes, ça demande beaucoup d’ingrédients, et encore plus de matériel. A réserver pour une grande occasion. Ou bien si vous voulez faire bouffer des escargots à quelqu’un sans lui dire. #Astuce.
La pâte à ravioles:
- épinards frais
- oeuf
- farine (la plus fine possible, normalement c’est de la T00)
Rincez vos épinards et enlevez toutes les grosses nervures. Il faut avoir le moins de fibres pour que cela ne se ressente pas dans les ravioles.
Faites réduire les feuilles à la casserole, et moulinez les assez finement.
Incorporez un peu de farine et continuez à mouliner. Cela va faciliter le travail du mixer, colorer la farine et refroidir les épinards pour ne pas cuire l’oeuf.
Une fois que c’est bien froid. Cassez votre oeuf. Salez gentiment et mettez à mouliner.
Il faut s’arrêter de mouliner quand votre pâte se rassemble en boule et que votre machine commence à faire vibrer tout l’appartement en poussant des bruits étranges. C’est parce que la pâte devient vivante et qu’elle tente d’ouvrir un portail dimensionnel pour invoquer Cthulhu dans votre cuisine. Coupez le mixer avant de réduire l’humanité en cendres et faites preuve d’autorité avec votre pâton.
Continuez à travailler la pâte à la main en ajoutant si besoin un peu de farine. Une pâte pour les pâtes doit être extrêmement dure, presque sèche. Elle se travaille mal et se casse facilement. Une fois que vous êtes satisfaits du résultat, la recouvrir et la laisser reposer.
La farce
- des escargots
- des noix
- de la viande (ici gorge de porc, à défaut, du lard)
- un verre de vin blanc sec
- persil
- ail
L’idée de base c’est de reproduire le goût du beurre d’escargot. Mais bon, fourré dans des ravioles ça risque d’être beaucoup trop gras (même moi j’étais un peu gêné). Donc on remplace le beurre par du gras de cochon, qui a une bien meilleure tenue tout en étant assez neutre en goût. La gorge, qui est le morceau utilisé dans les terrines par exemple, est idéale. Sinon un peu de gras de veau devrait très bien le faire aussi.
Le plus chiant c’est de casser les noix. Faites bien attention à ne pas garder des morceaux de coquille ou vous allez ruiner l’expérience utilisateur de votre application « raviole ».
Coupez le porc en petits morceaux, prévoyez à peu près autant d’escargots que de cochon, préparez l’ail et réduisez le en purée et vous devriez vous retrouver assez vite avec un truc comme ça.
Soit vous avez un hachoir (et vous claquez une petite grille fine de 2 ou 4 mm en toute détente), soit vous faites au mixer. Si vous passez par un mixer, commencez déjà par le cochon car les escargots partent vite en purée.
Incorporez du persil haché sommairement, mélangez et laissez la farce reposer un peu (tout le monde se repose à tour de rôle dans cette histoire, c’est du slow-cooking).
Ensuite, vous pouvez mettre la farce avec un peu de beurre dans une casserole et la faire cuire à feu doux. Humidifier généreusement de vin blanc et laissez le réduire jusqu’à ce que la farce soit assez sèche. Elle ne doit pas rendre plein de jus. Ajustez bien le goût, car une fois dans la raviole, c’est plus technique de la modifier.
Les ravioles
La pâte est censée être bien reposée maintenant. Rappelez-la de sa thalasso et sortez votre laminoir. A défaut d’un laminoir, sortez un rouleau à patisserie. A défaut d’un rouleau à patisserie, utilisez une bouteille de vin.
Mais bon… franchement pourquoi vous n’avez pas un laminoir ?? Rien que le nom… on dirait un accessoire sorti tout droit d’un film de Wes Craven. Et puis ça coûte que dalle. En 2016, faites vous plaisir, offrez vous un laminoir.
Alors là, je vais sortir des infos de base pour les utilisateurs de laminoirs. Mais sûrement utiles pour les futurs lamineurs que vous êtes (peut-être).
La machine doit être bien sèche. Il faut toujours passer la pâte au plus haut numéro deux fois puis réduire le numéro pour l’avoir de plus en fine. Sans ces passages répétés, elle va casser. Ce n’est qu’au dernier numéro qu’on farine la feuille pour pouvoir la plier sans qu’elle colle.
Et vous prenez un emporte-pièce ou bien un verre et vous découpez de zolis ronds tout meugnons. Farinez les bien et réservez les à côté.
Bon maintenant, c’est la partie un peu longue. Sur chaque rond, vous déposez une cuillère de farce.
Vous mouillez un deuxième rond sur ce pourtour et vous le déposez au dessus.

#Astuce: Vous pouvez utiliser une extrémité de votre anatomie trempée dans un verre d’eau. Comme votre doigt par exemple.
Et ensuite vous appuyez sur le pourtour comme un goret pour bien colmater avec vos gros doigts boudinés. N’hésitez pas à vraiment bien appuyer… si la raviole s’ouvre pendant la cuisson tout est gâché. Et puis vos doigts sont plein de farine mais d’eau aussi, et puis il faut prendre les photos, toucher la cuillère, changer la musique, répondre au téléphone, remettre les doigts dans l’eau, fermer la fenêtre… bref, dites adieu à votre pantalon.
Laissez reposer les petits ravioles sur une grille. Assurez vous qu’ils sont bien farinés pour ne pas coller entre eux. A ce stade il n’y a plus grand chose à faire. Les cuire une minute et demi dans un gros volume d’eau bien bouillante et bien salée, arroser d’un filet de crème fleurette et servir. Mollo dans l’eau bouillante, ne les pétez pas en les remuant comme un psychopathe ou en les jetant dans la passoire depuis le haut d’une échelle en chantant du Patrick Sébastien. De toute façon, vous aurez passé tellement de temps à les façonner que je suis sûr que vous serez tendres avec vos petits ravioles.
J’ai accompagné d’une cuillère d’oeufs d’escargots. C’est un petit régal aussi.
Et voilà…

Ooooh les petites coquilles trop mignonnes <3 <3 et les perles de rosée sur la pierre… mais c’est trop mimiiiiiii
Les escargots.
C’est vraiment un animal atypique. Déjà, même si on n’y connait que dalle, c’est chelou. Mais pourquoi diable ce truc est-il sorti de la flotte ?? Un truc qui vit sur terre mais qui a tellement besoin d’eau qu’il se cache s’il ne pleut pas. Un truc tout mouillé et visqueux, qui se déplace tellement lentement qu’un paresseux aurait le temps de traverser l’Atlantique à la nage pour venir les emmerder. Non mais un truc qui bave pour pouvoir se déplacer ! Un truc avec des cornes en plus. Et un seul pied. Qui glisse sur sa salive. En portant sa maison sur le dos. Mais on nage en plein délire. On dirait un mélange entre un zerg de Starcraft et une moule demeurée déguisée en éléphant. Mais POURQUOI ?
Et bien rassurez vous, car quand on creuse le sujet, c’est de pire en pire.
Vous allez pouvoir en raconter des trucs crades à votre diner…
Anatomie
Déjà vous avez surement entendu parler de l’étymologie de gastéropode. Estomac – pied. Mais l’escargot est bien plus perché que ça. Mais genre beaucoup plus.
Commençons doucement par la bouche. Vous le saviez pas, mais les escargots ont des dents. Mais genre tout plein. On en dénombre entre 1500 et 2000 selon les espèces. Et puis on va pas les mettre autour de la bouche, ça serait trop chelou. Donc on va les mettre sur leur langue, tiens. Et on appellera ça une radula. C’est bien gore le cinéma X chez les escargots. Et vous avez encore rien vu.
Vivant dans la bave, obligé de sortir uniquement quand il pleut, incapable de se mouvoir plus vite que n’importe quoi d’autre sur terre, vous trouviez déjà que l’escargot avait sacrément une vie de merde. Mais c’est pire que tout ce que vous pouviez imaginer. Parce que l’escargot a littéralement son nez dans le cul.
Vous saviez probablement que les escargots étaient quasiment tous hermaphrodites (à l’exception de quelques espèces aquatiques). Plutôt logique d’un point de vue évolutif. Tu es un escargot, tu ne peux pas sortir, sauf quand il pleut (mais pas trop) tu as une vitesse lamentable, tu baves comme un goret et tu as le nez dans ta raie. Franchement, autant pas être trop difficile quand tu parviens enfin à chopper quelqu’un sur ton chemin – faudrait pas avoir trop de cas de conscience. Bon bah hermaphrodite ça règle le problème, tu es les deux (mâle et femelle), l’autre est les deux aussi, donc faites vous plaiz’. Enfin un truc qui semblait bien parti. Mais NON, ça serait trop facile.
En fait, la personne en charge du projet « Escargots » a visiblement complétement pété les plombs. Confondant notamment le nez et le zgeg. Parce que du coup, l’appareil reproducteur se retrouve effectivement juste au dessus de la bouche du pauvre animal. Et puis, ledit appareil est donc à la fois un vagin et un pénis. Hyper pratique.
Donc tu finis par rencontrer quelqu’un, tu discutes tranquille, l’ambiance se réchauffe un peu. Et la bam. Tu prends une énorme bifle. Directement sur la gueule et en plus le mec essaye de vraiment te la mettre dans le crâne. Et il a l’air de kiffer l’enfoiré !
Mais c’est pas tout… Hoooo non. Par ce qu’avant la double bifle, les escargots ont un rituel vraiment sympa… le Dard d’Amour.
Situé juste à côté de l’appareil reproducteur, les escargots ont un petit harpon qui tire des dards de calcaire. De vrais dards, en forme de flêches et en calcaire (en pierre donc) ou en chitine.

Soit dit au passage, il semblerait que ce dard d’amour soit à l’origine du mythe des flêches de Cupidon (oui, oui)
Donc avant de conclure, les escargots tentent d’envoyer un ou plusieurs dards à l’autre (pour attirer un peu l’attention quoi // la version SM trash du poke Facebook). Mais attention, bien entendu il n’y a aucun organe censé accueillir ledit dard. Donc il est directement conçu pour percer les chairs et y rester fixé. Une fois cela fait, il relâche des hormones qui permettront à une plus grande quantité de leurs spermatozoïdes de survivre. Mais ce n’est pas une pénétration de reproduction. C’est vraiment juste comme ça, parce que le chef de projet s’est dit que ce serait nettement plus déglingue que le corps de l’escargot soit hostile au sperme SAUF si on le perce avec des javelots recouverts d’hormones.
Vous avez vu une photo au microcoscope, donc vous vous dites que ça doit être tout petit ce dard d’amour. Je vous laisse en juger sur les images suivantes. Ces trucs blancs ne sont pas des antennes.
Je pense qu’à notre échelle, c’est un peu comme si on s’enfonçait des scies à pain directement dans la tronche. Et ce n’est qu’après que les escargots s’envoient mutuellement de gros flots de sperme (directement dans la tête on le rappelle).
Ledit sperme est ensuite stocké dans la spermathèque. La spermathèque est au sperme ce que la bibliothèque est au livre. Un endroit très cool donc.
Dès qu’ils pondent, ils prennent un peu du sperme au hasard dans leur spermathèque de ci et de là. Ce qui fait que sur une même portée, plein de bébés escargots sont demi-frèresoeurs (puisqu’ils sont hermaphrodites on le rappelle).
Ils enterrent les oeufs dans la terre, recouvrent avec un mélange de bave et d’humus et en profitent souvent pour crever (un tiers ne survit pas à la ponte). En même temps, quand on voit à quoi ressemble leurs parties de jambes en l’air, on comprend qu’ils préfèrent ne pas renouveler l’expérience.
Et pour finir, un court métrage de 1987 réalisé par René Laloux et qui a remporté une tripotée de prix à l’époque. Un pamphlet contre l’agriculture intensive et un drame engagé contre la sexualité vraiment bizarre des escargots.